Chine : pourquoi Macron a raison
L'importance des importations chinoises dans l'économie française constitue un argument de poids en faveur de la coopération. Mais pas uniquement.
D’après la Direction générale du Trésor, la Chine était le deuxième partenaire commercial de la France au niveau mondial, en 2020, avec un volume commercial de près de 62 milliards d'euros, dont 41,7 milliards d'euros d'importations. Les biens chinois sont présents dans de nombreux secteurs, tels que l'électronique, l'automobile, les textiles et les équipements industriels. Ils contribuent à la compétitivité des entreprises françaises et à la diversification de l'offre pour les consommateurs.
Ces importations sont absolument non substituables, aussi bien en prix qu’en volume. Une réduction du commerce à cause des sanctions américaines se traduirait par un appauvrissement général des consommateurs français.
D’autre part, avec sa population de près de 1,4 milliard d'habitants et sa classe moyenne en pleine croissance, la Chine offre d'énormes opportunités pour les entreprises françaises. En 2020, nos exportations s'élevaient à environ 20,3 milliards d'euros, principalement dans les secteurs du luxe, de l'aéronautique et de l'agroalimentaire.
Énergies renouvelables et infrastructures
La France et la Chine collaborent déjà dans des domaines tels que l'aéronautique, le nucléaire et la recherche scientifique. Renforcer cette coopération pourrait permettre à la France de bénéficier des avancées technologiques chinoises, notamment en matière d’intelligence artificielle, de télécommunications et de transition énergétique.
La Chine est en effet le premier producteur mondial d'énergies renouvelables et joue un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique. En coopérant avec la Chine, la France pourrait tirer parti de cette expertise et renforcer ses propres capacités, contribuant ainsi à la réalisation de ses objectifs environnementaux.
L’union européenne a l’ambition d’une autonomie énergétique et d’une production décarbonée. Panneaux solaires, éoliennes, hydrogène, batteries électriques, etc. sont en première ligne.
Or, rappelons que la Chine est à la fois le premier producteur mondial de batteries, de panneaux solaires et de terres rares, groupes de métaux absolument indispensables à la fabrication des produits technologiques et donc à la transition énergétique !
Il est absolument illusoire de croire qu’une sortie des énergies fossiles puisse se traduire à court terme par une souveraineté énergétique. Nous sommes encore largement dépendants de la Chine.
Enfin, Pékin a lancé une vaste initiative d'infrastructures (”Belt and Road Initiative”), visant à promouvoir le commerce et le développement économique à travers l'Eurasie. La France pourrait bénéficier de ces investissements en participant à des projets d'infrastructures, sources de croissance économique et de création d’emplois.
Une redéfinition lucide de la géopolitique française
En jouant un rôle d'intermédiaire entre la Chine et l'Occident, la France serait en mesure de renforcer son influence géopolitique, de mieux promouvoir ses intérêts sur la scène internationale et de peser dans les négociations multilatérales.
En se diversifiant davantage et en réduisant sa dépendance vis-à-vis des États-Unis, l’économie française serait plus résiliente face aux chocs économiques.
Enfin, n’oublions pas que la Chine est en passe de supplanter les États-Unis sur le plan de la recherche scientifique et de la production de nouveaux savoirs. De ce point de vue, les échanges culturels, éducatifs et professionnels entre les deux pays contribueraient au développement de l’économie de la connaissance, à la formation d’experts et à la création de richesses.