L’OPEP+ met les banques centrales en difficulté
La réduction de la production de pétrole va sérieusement compliquer la tâche des banques centrales, alimenter l’inflation et l’instabilité financière.
Plusieurs membres de l'OPEP+ ont annoncé dimanche leur intention de réduire volontairement leur production de 1,16 million de barils par jour.
Cette décision s’inscrit dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu entre les États-Unis et l’Arabie-Saoudite. Les pays de l’OPEP+ s’éloignent de l’influence américaine et des pétrodollars au profit de la Chine, qui est de plus en plus active au Proche-Orient. C’est sous son égide que l’Arabie-Saoudite et l’Iran ont conclu un accord historique de coopération économique qui ouvre désormais la voie à une série d’alliances déterminantes et inattendues : Iran, Russie, Syrie, Arabie-Saoudite, Chine.
Cette décision de réduire la production vise à maintenir un prix plancher pour les pays exportateurs de pétrole et à se prémunir contre une futur baisse de la demande. Elle fait suite à des années de détérioration des relations bilatérales entre les États-Unis et l’Arabie-Saoudite et constitue une réponse à la tentative occidentale de caper le prix du pétrole Russe (dans le cadre des sanctions économiques), ainsi qu’à la politique de déstockage massive de la réserve stratégique menée par l’administration Biden dans le but de tirer les prix vers le bas.
Après que la déclaration publique du président démissionnaire de la Saudi National Bank ait précipité la faillite de Crédit Suisse, cette annonce fait l’effet d’un nouveau tir de canon dans la guerre économique qui se livre les deux grands blocs rivaux.
La hausse des prix du pétrole va aggraver la situation économique de l’occident
Les impacts économiques d’une telle décision sont connus d’avance et n’ont pas manqué de provoquer l’ire de Washington :
Inflation : La hausse des prix du pétrole augmente les coûts de l'énergie pour les entreprises et les consommateurs, ce qui se répercute sur les prix des biens et services. Cela contribue à une augmentation de l'inflation.
Coûts de production : L'augmentation des coûts de l'énergie entraîne une hausse des coûts de production pour les entreprises, réduisant leurs marges bénéficiaires et pouvant provoquer une baisse des investissements et de la croissance économique.
Consommation des ménages : La hausse des prix du pétrole affecte la consommation des ménages en réduisant le pouvoir d'achat des consommateurs.
Transports : Le secteur des transports, qui dépend fortement du pétrole, sera directement impacté par l'augmentation des coûts de carburant. Cela se traduit généralement par une hausse des prix du transport, des billets d'avion et des frais d'expédition, affectant à la fois les entreprises et les consommateurs.
Balance commerciale : Les pays importateurs de pétrole voient leur balance commerciale se détériorer en raison de l'augmentation du coût des importations de pétrole. Cela peut mettre en péril la stabilité économique et financière de ces pays.
Marchés financiers : La hausse des prix du pétrole peut provoquer une volatilité accrue sur les marchés financiers, car les investisseurs réévaluent les perspectives économiques mondiales. Les actions des entreprises du secteur de l'énergie pourraient profiter de la hausse des prix du pétrole, tandis que d'autres secteurs, tels que les transports et les biens de consommation, pourraient en souffrir.
Et surtout, une situation qui complique sérieusement le travail des banques centrales
Dans un contexte où la FED est déjà en train de relever les taux d'intérêt pour freiner l'inflation, la hausse des prix du pétrole ajoute une couche de complexité supplémentaire à la situation et rend la gestion de la politique monétaire encore plus difficile.
Avec la hausse des prix du pétrole, l'inflation va s'accélérer davantage, ce qui pourrait pousser les banques centrales à envisager des hausses de taux d'intérêt plus agressives. Cependant, un tel scénario renforcerait les problèmes de financement des banques, déjà confrontées à un manque de liquidités. Le resserrement des conditions de crédit serait amplifié pour les entreprises et les consommateurs, ce qui augmenterait les risques de récession et de défaillance des emprunteurs, notamment dans le secteur très fragilisé de l’immobilier commercial.
Dans ce scénario, les banques centrales doivent trouver un équilibre délicat entre la lutte contre l'inflation et le soutien à la croissance économique. Une approche trop agressive dans la hausse des taux d'intérêt pourrait entraîner un ralentissement économique plus marqué, voire une récession, tandis qu'une approche trop prudente pourrait laisser l'inflation s'installer.
Le plus probable est que les États-Unis continuent de puiser dans leurs réserves stratégiques en même qu’ils pourraient accroître leur production de pétrole nationale, rendue plus profitable par la hausse des prix.
Les banques centrales, quant à elles, pourraient justifier un ralentissement de la hausse des taux en ne prenant pour indicateur que l’inflation sous-jacente, qui exclue de son calcul les prix de l’énergie.